Avec Françoise Hardy Blues, le réalisateur Jean-Christophe Averty et la productrice Michèle
Arnaud proposent un écrin télévisé à la hauteur des chansons de Françoise Hardy. Cette
émission est sans conteste l’une des plus réussies des années 60: c’est de la haute couture.
Réalisation noir et blanc, sobre et moderne, mise en scène décalée, ballets de Jean Guelis et
enchaînements concis et drôles signés Jacques Lanzmann (dont un savoureux “Comment devient-on
Sheila ?).
Superbement filmée, Françoise chante de nombreux
titres, écrits et composés par elle, tous plus beaux
les uns que les autres: Comme, Ce petit coeur,
Peut-être que je t’aime, Si c’est ça et la
merveilleuse La nuit est sur la ville. Elle interprète
aussi Mon amie la rose, signée Caulier et
Lacôme, une véritable poésie musicale.
Françoise propose également deux chansons
de Jean-Max Rivière et Gérard Bourgeois:
L’amitié, sa chanson favorite et
Rendez-vous d’automne. Elle nous offre
aussi trois versions françaises de chansons
italiennes: la célèbre La maison où j’ai
grandi, Il est des choses et enfin Je
changerais d’avis dont la muisque est
d’Ennio Morricone.
Pour que son show ne soit pas trop mélan-
cholique et parce qu’elle aime rire elle a
invité deux énergumènes plutôt doués.
Le premier s’appelle Boby Lapointe et
s’est fait une spécialité des chansons
truffées de calembours, d’allitérations et
de jeux de mots recherchés. Selon lui,
un mauvais jeu de mots se distingue
d’un bon en ce qu’il fait rire: il le
prouve grâce à Aubade à Lydie et
Le saucisson de cheval.
Le second troublion va devenir le
compagnon de Françoise Hardy.
Jacques Dutronc interprète Les
gens sont fous, Les playboys, ainsi
que Mini, mini, mini avec
une Françoise Hardy
facétieuse dans différentes
mini-jupes. Ils chantent leur
premier duo, une chanson
humoristique Les garçons.
Sans doute l’unique occasion
de voir Françoise danser, qui
plus est de façon originale.
Hélas, leur autre chanson en
duo ne passe pas la censure.
Jean-Christophe Averty n’est pas l’ogre que l’on dit. Non
seulement il n’a pas passé Françoise Hardy à la moulinette ,
mais encore il a tiré le plus merveilleux parti de son visage
calme et lisse, de sa chevelure de sirène, de sa grâce à la
Botticelli.
Démultipliée, portée, comme disent les mathématiciens,à la puissance
10, Françoise Hardy a eu beaucoup de chance. Seule, avec ses chansons
gentiment mélancholiques, et sa voix feutrée, se serait-elle imposée?
On peut faire le compte des mots qu’elle emploie. Les verbes aimer,
souffrir, partir, revenir, oublier, sont l’essentiel de son vocabulaire.
Sa musique berçe de la même manière les coeurs simples. On ne peut
nier qu’il se dégage de sa personne un grand charme attendrissant.
Elle représente d’une manière assez émouvante “la jeune fille”. C’est un rôle difficile à tenir
longtemps. Que restera-t-il d’elle quand elle aura cessé de nous toucher par cette simplicité
de petite fille qui a grandi trop vite. ( Télé 7 Jours 345 29/10/66 ).