M : Mlle Hardy vous êtes toute seule là sur votre petit banc
Expliquez-moi pourquoi vous n’êtes ni avec ces camarades ci ni avec ces camarades là
Est-ce que vous êtres contre le rythme, pour le romantisme ou au contraire ?
F : Je suis entre les deux justement c’est la raison ...
M : Vous êtes entre les deux ?
F : Oui
M : Qu’est-ce que ça veut dire exactement “entre les deux”
F : C’est à dire que je pense que je fais des chansons dont les paroles sont douces,
dont l’air est quand même un petit peu rythmé... j’espère
M : C’est pour ça que vous êtes tout à fait à part. Viens mlle Hardy. Ca fait longtemps que je ne
vous ai pas entendue
M : Mlle Hardy vous avez dit toute à l’heure que vous étiez ni de ce côté là ni de ce côté-là,
au milieu, au centre. Je vous connais depuis combien de temps mlle Hardy
F : Depuis un an
M : Depuis un an .Vous avez quel âge maintenant ?
F : 18 ans
M : Vous avez 18 ans. Est-ce que vous avez l’impression mlle Hardy que vous avez fait des progrès,
vous faites vous-même vos chansons, (oui) votre musique et vos paroles (oui). Expliquez-moi
F : Eh bien, écoutez, j’ai l’impression que j’ai fait un peu de progrès au point de vue de la
fabrication des chansons mais en interprétation je ne suis pas contente de moi...
M : Vous n’êtes pas contente de vous... en interprétation c’est ça ?
F : J’ai beaucoup à travailler je crois
M : Qu’est-ce qui vous gêne, est-ce que c’est la timidité ?
F : Oui bien sûr , j’ai le trac comme tout le monde
M : Vous voyez tout de suite vous me parlez un peu plus fort. Est-ce que vous avez l’impression
que les chansons elles sont à peu près au point
F : C’est très difficile à dire aussi parce qu’il y a la question de l’accompagnement, je
m’accompagne pas tellement bien
M : Vous savez que vous vous accompagnez pas très bien...oui ... et ça vous gêne ?
F : Ça me gêne énormément
M : Bon. Dites-moi mademoiselle est-ce qu’au point de vue alors de l’évolution, de l’inspiration
est-ce que vous avez l’impression d’avoir changé entre 17 et 18 ans
F : Pas tellement non ... j’espère que ça viendra
M : Vous voulez changer ?
F : heu ...
M : Vous voudriez changer comment ?
F : Je ne sais pas
M : Vous pensez que vous allez évoluer. Comment s’appelle la chanson ?
F : La chanson s’appelle ‘La fille avec toi”
M : Comment ?
F : La fille avec toi
M : La fille avec toi. Ça s’adresse à un garçon je suppose (éclat de rire d’une autre élève)
M : Mlle Hardy qu’est ce que vous faites dans la vie actuellement ?
F : Et bien je suis étudiante, je prépare des certificats de licence d’allemand
M : Une licence d’allemand
F : Oui
M : Dont les chansons vous délassent alors
F : Ah beaucoup
M : Qu’est-ce que ça veut dire quand, et souvent beaucoup de jeunes s’expriment
en disant yéyé et on on, non ça m’intrigue parce que je pense que ça veut dire qch
F : Eh bien écoutez, yéyé je suppose que ça veut dire oui en anglais mais c’est joli à
entendre
M : Ah bon c’est comme ça que vous l’interprétez
F : Oui
M : Et on on ?
F : C’est une onomatopee quelconque... enfin
M : Non ça doit vouloir exprimer qch qu’on ne peut pas dire peut-être
F : Oui c’est ça... une tristesse
M : Vous êtes triste dans la vie Mlle ?.
F : Non ça dépend
M : Ca dépend mais dans les chansons ?
F : Oui je préfère les chansons tristes
M : Tristes ? On verra. Tournez vous il y a qch qui m’intrigue
Ca c’est curieux. Vous avez mis votre chandail à l’envers , ...exprès ?
F : Oui parce que ce pullover est trop grand
M : Mais’est une idée de mode ça c’est joli...regardez ... Vous ne trouvez pas ?
Tournez encore une fois le dos... Merci mlle Hardy
Présentation de son premier disque super 45 tours ( enregistré le 25 avril 1962) avant sa
sortie chez les disquaires. A la question de Mireille elle affirme qu’elle est contente de
l’arrangement ce qui n’était pas le cas. Le disque n’a pas encore de pochette mais Françoise
dit que ça ne tardera pas et elle espère que la pochette portera sa photo. Elle chantera la
chanson une prochaine fois.
Le microsillon sort en juin. Le disque fait partie de la série « Contact », lancée par les
producteurs pour promouvoir de jeunes chanteurs débutants. La production mise sur la
seule chanson qu’elle n’a pas composée : Oh oh chéri, une adaptation d’un titre américain.
Le 14 novembre 1961, le directeur artistique de Vogue, Jacques Wolfsohn, lui avait fait
signer le contrat avant qu’elle entre au Petit Conservatoire.
5 juin 1962 : Françoise propose avec fierté son premier disque
21 septembre 1962 : Françoise chante “Tous les garçons et les filles”
M : Mlle nous nous connaissons depuis combien de temps ?
F : Ca va faire bientôt 2 ans
M: Bientôt 2 ans, vous allez avoir quel âge maintenant
F : 19 ans... hélas
M : Hélas. Voulez-vous dire vous-même votre nom
F : Françoise Hardy
M : Voilà. Mlle Françoise Hardy pour bien l’entendre on est obligé de l’écouter mais elle a une façon de
s’exprimer, elle m’a d’ailleurs énormément appris de choses parce que je ne comprenais pas très
bien ce que ça voulait dire yéyé jaja onon... toutes ces choses à la mode et depuis que j’ai rencontré
Françoise Hardy j’ai découvert énormément de poésie à tous ces mots que j’ignorais. Ca veut dire
quelque chose pour la jeunesse et pour les jeunes auteurs. Et puis alors maintenant Françoise Hardy,
depuis qu’elle enregistre on l’entend toute la journée à la radio. On ne sait même plus si elle va encore
me reconnaître hein ... je ne sais pas. Vous allez chanter la chanson Mlle qu’on entend tout le temps.
F : Oui
M : Et Mlle Hardy je dois dire fait elle-même ses chansons naturellement ... sa musique et les paroles
F : Les paroles oui
M : Comment s’appelle la chanson?
TF : Tous les garçons et les filles
M : Dites bien fort
F : Tous les garçons et les filles
Nous sommes encore en septembre 1962 et Françoise n’est pas encore passée aux émissions de télé qui la
propulseront vers la gloire le mois après : “Toute la chanson” (8/10/62) et “Variétés Referendum”
(28/10/62). Puisqu’on l’entendait déjà souvent à la radio avant ces 2 télés ça prouve que ça marchait déjà
pas mal pour Françoise Hardy.
10 novembre 1962 : Françoise chante “On dit tant de mots”
Françoise Hardy fait découvrir "On dit tant de mots" à une de ses camarades du petit conservatoire
de la chanson. La chanson reste à ce jour non commercialisée.
On dit tant de mots
Sans y réfléchir
Qu'on ne sait plus
Qu'on ne sait plus trop
Ce qu'il veulent dire
Mots trop entendus
Plus on dit je t'aime
Et moins on y croit
Plus on fait de peine
Moins on en a soi
Si c'est toi un jour un autre demain
Viendra à son tour on sait très bien
Tu me quitteras ou je m'en irai
Et ni toi ni moi ne songe à pleurer
On dit tant de mot
Sans y réfléchir
Qu'on ne sait plus
Qu'on ne sait plus trop
Ce qu'ils veulent dire
Mots trop entendus
Malgré moi pourtant
J'aimerais te garder
Un peu plus longtemps
Je voudrais t'aimer
Mais si c'est toi un jour un autre demain
Viendra à son tour moi je n'y peux rien
Tu me quitteras ou je m'en irai
Ce n'est pas pour toi que je vais pleurer
Télé 7 Jours N° 149 26/01/63
16 novembre 1963 : Françoise parle de son spectacle à l’Olympia
Françoise, qui vient d’aborder sa deuxième semaine à l’Olympia (en première partie de Richard
Anthony) parle carrière avec Mireille. On est venu la chercher au bout de la matinée pour visiter le
petit conservatoire. Mireille propose à Françoise de ramener toute la classe à L’Olympia et Françoise
dit qu’elle ne demande pas mieux.
Mireille lui demande une chose difficile, de fredonner une chanson qu’elle aime bien “J’aurais voulu”
ce qui semble presque un obstacle insurmontable pour Françoise qui finalement chante, en vitesse,
un petit bout du premier couplet de sa chanson dont elle prétend que ça ressemble a un tas de choses.
Ce qui lui semble moins le cas pour une autre chanson, qu’elle n’aime pas forcément plus que l’autre,
“L’amour ne dure pas toujours”. Finalement toutes les chansons slow se ressemblent selon Françoise
et la chanson “J’aurais voulu” des nouvelles chansons de Françoise est la préférée de Mireille ét de
Françoise.
Pour les “petits” qui s’impatientent et trouvent que ça ne va pas assez vite Mireille insiste sur le fait
que ça prend du temps avant que le succès arrive. Comme pour Françoise qui raconte que ça marche pas
mal depuis un an et qu’elle a commencé à faire des chansons deux ans avant ça. Ca fait donc trois ans
mais Mireille, pas forte en calcul, en fait en gros 4 à 5 ans, peut-être pour ne pas décourager (ou perdre)
ses élèves.
Mireille avoue que Françoise est sa reine et qu’elle l’a connue très assidue, travaillant beaucoup.
Elle l’a espionnée un tas de fois. Françoise réplique qu’elle en était au courant, qu’on lui avait rapporté
ça et Mireille en conclut que Françoise elle-aussi a des espions.
Françoise parle du trac, de la “goutte d’eau” quand le gorge se serre et rien ne sort. En fait ça lui arrive
tous les soirs. Mireille lui avise de bien respirer, parle de l’importance du plexe solaire que Françoise ne
connaît pas. Mireille en déduit qu’elle a encore plein de choses à apprendre à Françoise. Parlant de
trac Françoise cite la salle Gaveau où elle avait eu un trac énorme et où Mireille lui avait pris la main.
Sur scène il est difficile à Françoise de se concentrer sur sa respiration, elle le fait dans les “noirs”.
Mireille a l’impression que Françoise se sent moins à l’aise avec des chansons rapides. Françoise dit
qu’elle a surtout un répertoire de chansons lentes mais avoue qu’avec des chansons rapides il faut
davantage penser aux gestes qu’au texte.
20 mai 1965 : 10 ans du Petit Conservatoire de la Chanson
Le soir du 20 mai 1965 on fête les 10 ans du Petit Conservatoire de la Chanson au Théâtre de la
Maison de la Radio. L’élève la plus célèbre ne pouvait pas manquer au rendez-vous. Portant un
manteau signé Courrèges Françoise Hardy est venue parler de la chanson “Mon amie la rose”.
L’événement a été diffusé à la télé le 14 août 1965.
La grande Françoise, toujours un peu intimidée par les
questions de la petite Mireille.
Mireille dit que le destin des chansons est quelque chose d’extraordinaire
et que ce destin peut être la rencontre de l’auteur et l’interprète.
Il y avait un jeune auteur, Cécile Caulier, sur les bancs, qui avait écrit
une très jolie chanson “Madame la rose” et qui était impatiente parce
que personne ne voulait de sa chanson. L’interprète est une autre élève
du Petit Conservatoire, Françoise Hardy.
Françoise raconte qu’elle avait en effet entendu cette chanson au Petit
Conservatoire il y a 3 à 4 ans et que ça lui avait plu.
“Elle est venue me voir quand je suis passée à l’Olympia et j’ai demandé
des nouvelles de sa chanson. À l’époque elle avait dit qu’elle avait trouvé
un éditeur et je pensais une interprète aussi. On lui avait promis un tas
de choses mais rien ne s’était passé. Je lui ai demandé de m’envoyer les
paroles parce qu’il y avait si longtemps et je ne savais pas si ça me
plairait encore. Quand je les ai reçues j’ai dit écoute je vais l’enregistrer
mais pas tout de suite parce que j’avais fait des disques qui allaient
sortir. Je l’ai enregistrée un an après, c’est long, elle était désespérée.
Et puis j’ai eu beaucoup de mal parce que mon directeur artistique était
contre et beaucoup de gens dans mon entourage ne voulaient pas que
j’enregistrecette chanson mais j’ai tenu bon et voilà.
“The lord of the space ladies”
Life 21/05/1965
Françoise Hardy sera le vecteur de la mode Courrèges, pas seulement
par sa tenue de scène, l’ensemble blanc, mais aussi en portant
d’autres créations de son couturier favori, comme les manteaux
(pardessus ) Courrèges.
Le style Courrèges est un ensemble. Même la coupe des cheveux peut
figurer comme accessoire. La tresse permet de dégager le cou, de
redessiner la silhouette et finalement de dynamiser ou rajeunir
l’image d’une femme qui porte les cheveux longs. La tresse comme
contre-poids des talons plats.
Françoise se souvient très bien d’un ensemble, en turquoise clair avec
boutons et ceinture blanches, qui lui plaisait beaucoup et qu’elle avait
achetée. Elle présente cette tenue aux téléspectateurs dans
“Le petit conservatoire de la chanson”. Françoise est un peu mal à
l’aise en expliquant à Mireille la naissance de la chanson “Mon amie
la rose” comme elle porte le manteau pour la première fois.
Elle avait aussi un manteau Courrèges couleur miel qu’elle aimait autant.
Mireille vient féliciter son
ancienne élève lors de sa
première à l’Olympia.
Entre les deux on voit la mère
de Françoise , Madeleine Hardy
qui a enlevé ses lunettes.
A côté de Madeleine Hardy
se trouve Jean-Marie Périer.
28 octobre 1965 : Mireille vient soutenir Françoise à l’Olympia.
13 novembre 1966 : Télé Dimanche
Télé 7 Jours N° 317 16/04/66
Roger Lanzac l’introduit comme la grande dame de la chanson. Il complimente Françoise avec son
smoking et puis il va évoquer sa carrière. Il la ramène cinq ans en arrière au petit Conservatoire de
la Chanson. Mireille les rejoint sur le plateau. D’abord on montre une séquence du 10 novembre dans
laquelle Françoise chante “On dit tant de mots”, chanson pas terrible. Elle se cache les yeux, se
bouche les oreilles tellement c’est insupportable
Mireille raconte quand Françoise auditionnait elle ne savait pas ce qu’elle faisait mais il y avait une
sorte d’étincelle, qq chose qui s’illuminait , on s’est regardé tous les deux et depuis on ne s’est plus
quitté. Roger Lanzac “ça s’appelle la présence” “oui la personnalité” ajoute Mireille.
Puis on montre Françoise dans l’émission “Douce France” du 28 septembre 1964 . Dans ce film
tourné par François Chatel Françoise chante , en se promenant, sa chanson fétiche de FH ...
Françoise chante le dernier couplet en direct . Mireille raconte que la première fois qu’elle était
obligée de chanter en publique elle avait très peur et n’osait pas entrer en scène. On l’avait retourné
et donné un coup de pied. . “Avec Françoise ... je lui ai donné la main et je l’ai regardée et j’ai dit
tout se passera bien”
Roger Lanzac “Françoise Hardy on vous reproche quelques fois d’être un peu distante mais c’est
qu’elle a un trac fou, qu’elle est très timide mais quand on la connaît bien elle est très charmante
Françoise a un trou de mémoire dans la chanson “Le premier bonheur du jour “.
Roger Lanzac et Mireille viennent l’encourager et puis en reprenant la chanson tout se passe bien.
15 septembre 1969 Studio d’enregistrement : Assiette niet
Jean-Noël Dupré, auteur de chansons,
élève du Petit Conservatoire de Mireille,
s'était fait connaître au cours des années
1970 avec des œuvres telles que
After Shave, Ça me rappelle les vacances
et une reprise très personnelle de
Y'a d'la joie de Charles Trenet.
Il meurt d’un cancer le 21 mars 2008.
Jean-Noël avait écrit des textes pour
beaucoup de chanteurs. Pour Françoise
il avait écrit ”Assiette niet” mais aussi
le très beau “Rêver le nez en l’air”qui
figurait sur l’album “Message Personnel”
qui a relancé la carrière de celle-ci.
Mireille et Jean-Noël Dupré
Françoise Hardy entre Mireille et Jean-Noël Dupré
Beaucoup de fans regrettaient que “Assiette niet”, une
chanson bien drôle, n’a jamais été commercialisée.
La chanson est sortie en 1970 sur single (face B de
“Le Crabe”), en EP et figure sur un seul album de
compilation, le sud-africain “Françoise in French”.
Finalement on retrouve la chanson sur un CD de
compilation “Françoise Hardy. Quelques titres que je
connais d’elle” Vol. 2 sorti en 2024.
Mireille, d’abord perplexe : – « Un conservatoire de la chanson ? Il est fou ! il rêve ! » –, se retrouve
soudain persuadée que Guitry a raison, grâce, dit-elle, « aux petits lutins qui, discrètement, ont
toujours protégé et guidé ma vie… ».
…Mais pour concrétiser le projet, elle a besoin d’un piano, de son tabouret, d’un micro sur pied et de
bancs pour les élèves. Où trouver cela ? … À la radio, bien sûr ! … Elle va donc solliciter Paul Gilson,
directeur général de la radio nationale à cette époque, et s’adresse à lui en ces termes : « Le charme,
la gouaille, la présence, ça ne s’apprend pas plus que le fluide que peut dégager Maurice Chevalier à
travers un simple geste ou sourire. Le génie d’Édith Piaf, c’est de savoir mieux que personne faire
passer une émotion à laquelle on ne peut pas être insensible. À quelle école Bourvil a-t-il appris sa
malice, sa candeur, sa fraîcheur ? À celle des parterres de spectateurs, voyons ! Parce qu’il a eu la
chance d’arriver jusqu’à eux, ce qui n’est pas donné à tout le monde…
Mais en quel lieu les jeunes poètes, paroliers, musiciens, interprètes ont-ils la possibilité de se
retrouver ? Nulle part. Personne à qui parler, confier, avouer leurs angoisses et leurs problèmes…
Ils en sont réduits à errer, tels des orphelins, alors que réunis, rassemblés, ils deviendraient leur
premier public… C’est en cela que nous pouvons leur être utiles : écouter, regarder, veiller, empêcher,
éviter que la stagnation ne soit trop longue, détecter plus vite, plus tôt le talent latent… ».
Paul Gilson, convaincu par la « grande - petite dame », l’adresse
alors à Jean Tardieu, directeur de France IV, qui est, en outre,
écrivain, dramaturge et poète ! …
Celui-ci lui offre aussitôt de s’installer au 37, rue de l’Université,
dans l’un des studios réservés au Club d’essai de Pierre Schaeffer.
Par prudence, il propose au départ un semestre de rodage à
travers une émission d’une demi-heure diffusée le dimanche de
18 h à 18 h 30, proposition acceptée avec enthousiasme par la
créatrice du « Petit Chemin » et d’« Une demoiselle sur une
balançoire… ».
Le 18 mars 1955 a donc lieu la première séance du « Petit
Conservatoire » de Mireille. Le premier élève s’appellera Ricet-Barrier.
Bien d’autres suivront : Hugues Aufray, Françoise Hardy, Alice Dona,
Jean-Jacques Debout, Pascal Sevran, Yves Duteil, Sylvie Joly,
Hervé Christiani, Danièle Évenou, Colette Magny, Sapho, Sabine Paturel,
Frida Boccara, Sophie Forte, Daniel Prévost, Philippe Castelli,
j’en passe énormément, qu’ils m’en excusent, la liste est interminable.
Parti pour ses six mois probatoires, le « Petit Cons. » durera 20 ans,
pas moins ! Plusieurs générations d’artistes y auront bénéficié des
conseils toujours sûrs, avisés, de l’ironie bienveillante et de la
généreuse lucidité de Mireille. Sans elle, le paysage actuel de la
chanson ne serait certainement pas le même. Merci, Mad
Le 2 mars 1954, Sacha Guitry écrivait dans L’Officiel du
spectacle : « Mireille. Pas celle de Gounod, l’Autre. Celle
de “Couchés dans le foin”, que l’on entend à la radio – à
condition de l’écouter, car il faut bien tendre l’oreille pour
l’entendre, et c’est le premier témoignage qu’elle nous donne
de son tact infini, puisque voilà plus de vingt ans qu’il opère
et qu’il charme...
Nous l’écoutions à Monaco, et son émission, d’un bout à
l’autre, fut exquise. Entourée à merveille, elle nous a chanté
des couplets ravissants, spirituels et fins, et nous nous
demandions comment il se faisait qu’une artiste pareille n’ait
pas été appelée par le Conservatoire pour enseigner le chant
à tant de malheureux, à tant de malheureuses, qui piaillent
vainement, qui hurlent sans raison ou qui bêtifient. …Elle leur
dirait beaucoup de choses que j’ignore et dont elle a le secret.
27 mai 1972 “Couchés dans le foin” : Duo F. Hardy & J. Clerc
Julien Clerc et Françoise Hardy chantent en duo (et en play-back) dans l’émission “Top à Julien Clerc”
(27/05/72) la chanson "Couchés dans le foin" de Mireille et Jean Nohain.
COUCHÉS DANS LE FOIN
Paroles: Jean Nohain, musique: MireilleHartuch, 1932
Il ne faut pas que je vous cache
Que j'eus toujours la sainte horreur des vaches.
Dans ma famille, c'est un tort,
Hélas! le métier de toréador
N'a jamais été notre fort.
J'aimerais mieux qu'on m'injurie,
Qu'on me pende ou qu'on m'expatrie
Plutôt que de toucher un pis,
Un pis de ma vie.
Je suis ainsi, tant pis
Et c'est dommage.
La fille de la fermière est charmante et on a le même âge
Par bonheur pour les amoureux,
Il est au grand air d'autres jeux
Des jeux que j'aime davantage.
REFRAIN:
Couchés dans le foin
Avec le soleil pour témoin
Un petit oiseau qui chante au loin
On se fait des aveux
Et des grands serments et des voeux
On a des brindille s plein les cheveux
On s'embrasse et l'on se trémousse
Ah! que la vie est douce, douce
Couchés dans le foin avec le soleil pour témoin.
Vous connaissez des femmes du monde
Qui jusqu'à quatre-vingts ans restent blondes
Qui sont folles de leur corps.
Pour leurs amours il leur faut des décors
Des tapis, des coussins en or
De la lumière tamisée
Et des tentures irisées
Estompant sous leurs baisers
Des appas trop usés,
Eh bien tant pis,
Mais c'est dommage.
Quand on est vigoureux, quand on aime
et qu'on a mon âge
Tous ces décors sont superflus
Les canapés je n'en veux plus
Je ne fais plus l'amour en cage
Gardez, gardez vos éclairages.
REFRAIN
Couchés dans le foin
C'est un vieux château
Le petit chemin
C'est un jardinier qui boîte
Quand un vicomte
Puisque vous partez en voyage
Les trois gendarmes
Papa n'a pas voulu
Un p’tit air
La ronde
Parce que ça m'donne du courage
Et pourtant moi je l'ai vu
On voit de tout dans les gondoles
Oh ! que c'est long deux jours
Une demoiselle sur une balançoire
La guerre de Troie
LP sorti en 1957
Toutes les chansons connues de Mireille sont
écrites par le tandem Jean Nohain (parolier) et
Mireille (compositrice). Mireille chante en duo
avec Jean Sablon e.a. “Couchés dans le foin” (1932)
et “Puisque vous partez en voyage” (1935), chanson
reprise par Françoise Hardy et Jacques Dutronc en
2000.
Mireille Hartuch, connue sous le nom de scène
de Mireille, est une chanteuse (compositrice-
interprète), actrice et animatrice de télévision
française née le 30 septembre 1906 à Paris et
morte le 29 décembre 1996 dans la même ville.
Elle est l'épouse de l'écrivain Emmanuel Berl.
En 1928, elle est engagée au théâtre de l'Odéon
par son directeur, Firmin Gémier, et commence
une collaboration avec le librettiste Jean Nohain
une comédie musicale du type dit « auvergnat »
d'une durée de cinq heures, intitulée Fouchtra,
mais n'arrive pas à la vendre.
Parlant couramment l'anglais, Mireille passe deux
ans aux États-Unis, d'abord à New York, où elle
se produit dans un théâtre de Broadway, puis à
Hollywood. En 1931, elle apparaît dans un film
avec Douglas Fairbanks Jr., et un autre avec
Buster Keaton.
En 1932, une mélodie de Fouchtra est reprise
en partie par le duo musical Pills et Tabet,
avec la chanson Couchés dans le foin,
aidé par l'éditeur Raoul Breton, ce qui l'amène
à rentrer en France....
Comme le reconnaîtra Charles Trenet, c'est Mireille qui introduit le swing dans la culture en France.
De retour en France, sa carrière de compositrice décolle quand ses chansons sont interprétées par
les vedettes de l'époque : Maurice Chevalier et le jeune Jean Sablon. Elle enregistre ainsi avec Pills
et Tabet ce qui s'appelle alors des « opérettes disquées », comme Ce petit chemin, Le Vieux
Château ou C'est un jardinier qui boite. En 1933, elle apparaît dans le film français Chourinette.
Un an plus tard, elle commence une carrière de chanteuse solo accompagnée d'un piano, se
produisant notamment à l'ABC, l'Alhambra ou encore Bobino.
Le 26 octobre 1937, elle épouse l'écrivain et philosophe Emmanuel Berl en présence, notamment,
de Sacha Guitry.Ses origines juives ainsi que celles de son mari la contraignent à fuir Paris occupé.
En 1940, elle se réfugie à Argentat, en Corrèze, où elle participe activement à la Résistance ; elle est
à la tête du comité départemental de libération.
Après la Seconde Guerre mondiale, elle devient amie de Jean Cocteau, Albert Camus, André Malraux
ou encore Yves Montand. Sacha Guitry lui suggère d'ouvrir une école ; ce sera Le Petit Conservatoire
de la chanson, qui sera médiatisé par une émission hebdomadaire de radio diffusée le dimanche à
partir de 1955, puis de télévision de 1960 à 1974. (Wikipedia)
Françoise Hardy et France Gall félicitent Mireille dans sa loge
à Bobino à Paris le 4 mars 1977 (Photos Patrice PICOT)
4 mars 1977 Mireille à Bobino
Georges Brassens et Mireille
Michel Berger, Mireille et Georges Brassens
Michel Berger , Mireille et Françoise Hardy vont se
retrouver le 25 janvier 1979 dans l’émission “Le Grand
Echiquier” animée par Jacques Chancel.
25 janvier 1979 Le grand échiquier
Mireille, invitée principale de l’émission, invite Françoise, qui ne s’y attendait pas, à sa
Piano pour chanter “Message personnel”. Françoise est tétanisée par le trac, à tel point
qu'elle en oublie les paroles qu'elle a pourtant écrites ! Mireille essaie de la remettre en
confiance mais Françoise en a voulu à Mireille de l’avoir forcée à chanter en public.
FH (e-mail 1/9/22) : . Oui j’en ai voulu à Mireille, parce que je l’avais prévenue que je
ne pouvais pas chanter en direct et elle m’avait affirmée que ce ne serait pas le cas.
Mireille entourée de Jean-Jacques Debout, Michel Berger et Françoise Hardy
Mireille et Michel Berger
chantent en duo
“Message Personnel” à
“Midi Première” le 20/02/76.
Mireille et Françoise, une complicité pour la vie
Françoise Hardy, Patricia et Mireille.
Pascal Sevran, Jean-Noël Dupré, Françoise Hardy, Mireille,..., Frida Boccara
Mireille Hartuch entourée de ses celebres anciens eleves le 26 janvier 1995
Le 21 juin 1996 Françoise Hardy et
Mireille assistent à la décoration de
Georges Moustaki qui est nommé
commandeur de l’ordre des art et
des lettres.
( photos Stephane Cardinale)
Mireille s’éteint à 90 ans, le 29 décembre 1996. Ses obsèques ont
eu lieu le vendredi 3 janvier au cimetière Montparnasse.
Françoise Hardy & Jacques Dutronc : Puisque vous partez en voyage
“Puisque vous partez en voyage”, interprété par Françoise et son mari en 2000, revisite un tube,
écrit par Jean Nohain sur une musique composée par Mireille et interprété en 1935 par Mireille
et Jean Sablon qui jouent le rôle de deux amoureux qui se séparent pour la première fois, sur un quai
d'une gare de Paris. La femme part pour une quinzaine de jours, et son chéri l'accompagne jusque sur
ce quai. L'attente du départ du train est longue, et lorsque le cochon de contrôleur crie en voiture,
l'amoureux n'y tenant plus monte dans le train pour rejoindre sa chérie.
Par rapport à la version originale, les rôles sont inversés, l'homme s'en va, et c'est la femme qui
attend le départ du train. Les paroles sont légèrement actualisées, le cochon de chef de gare devenant
ainsi un enfoiré. Dans une interview de 2000, Françoise Hardy déclare : “ Mireille, c'était une espèce
De lutin très fantasque, pleine d'humour, et je trouvais que cela correspondait mieux à Jacques d'être
la personne qui s'en va, et moi amoureuse transie qui reste sur le quai.
Grâce à “Puisque vous partez en voyage” ce moment de grâce par le duo Hardy-Dutronc , l’album
“ Clair obscur” de Françoise rencontre un accueil chaleureux en 2000.
Jacques et Françosie se sont séparés en 1987 sans pour autant mettre un terme à leur
mariage.Un coup dur pour tous ceux qui ont voulu croire en leur amour éternel.
Il la remercie de l'avoir accompagnée à la gare
Vous parlez sérieusement ou vous vous moquez de moi?
Mais non, il se moque pas d'elle, mais regardez
Tous ces journaux, ces cigares, tout ça
Ah je manque d'originalité, c'est vrai
Savez-vous que nous nous séparons pour la première fois?
Oui mais enfin c'est pas très long et puis il ne part que quinze jours
Attendez un p'tit peu, dois-je comprendre que
Vous allez passer ces quinze horribles jours sans compter les heures?
Puisque vous partez en voyage
Puisque nous nous quittons ce soir
Mon cœur fait son apprentissage
Je veux sourire avec courage
Vous avez posé vos bagages
Marche avant, côté du couloir
Et pour les grands signaux d'usage
J'ai préparé mon grand mouchoir
Dans un instant le train démarre
Je resterai seul sur le quai
Et vous me verrez dans la gare
Me dire adieu là-bas avec votre bouquet
Promettez-moi d'être bien sage
De penser à moi tous les jours
Et retourner dans notre cage
Pour mieux attendre mon retour
Hé bien voilà, vous avez une place tout à fait tranquille
Sans voisine, sans vis-à-vis, personne pour vous déranger
Il espère que c'est non-fumeurs
Décidément, vous êtes incorrigibles
Et moi qui pensais qu'un peu d'isolement vous aiderait à vous détendre
Et puis quoi encore? Ah lala
Puisque vous partez en voyage
Vous m'avez promis mon chéri
De vous écrire quatorze pages
Tous les matins ou davantage
Pour que je voie votre visage
Baissez la vitre je vous prie
C'est affreux je perds tout courage
Et moi je déteste Paris
Le contrôleur crie, "en voiture"
L'enfoiré, il sait pourtant bien
Que je dois rester, mais je jure
Que s'il le crie encore une fois, moi je viens
J'ai mon amour pour seul bagage
Et tout le reste on s'en fout
Puisque vous partez en voyage
Mon chéri, je pars avec vous
Françoise Hardy n’est pas fan de «The Voice» (TF1) 28/03/2018
La plupart des candidats imitent les Américains», lance la chanteuse du tube Tous les garçons et les
filles. «Ils n'ont pas d'univers, ne dégagent rien de particulier. Ils chantent fort, et pas toujours si
bien que ça. Mais on les conforte dans leurs rêves, en sachant pertinemment que la plupart vont
tomber de haut...»
Pourtant, les télécrochets, Françoise Hardy connaît bien puisque c’est grâce au Petit Conservatoire de
Mireille, dans les années 60, que Françoise a fait ses débuts. «Mireille nous encourageait à défendre
notre singularité, y compris quand on avait une petite voix comme moi. Et on n'y galvaudait pas en
permanence le terme 'artiste' comme aujourd'hui». Et de conclure que «"Le Petit conservatoire"
défendait un tout autre esprit. »
3 avril 1962 : Françoise écoute Cécile Caulier
Mireille accueille Cécile Caulier, compositrice et auteure. Elles parlent du possible succès de ses chansons.
Cécile chante sa chanson "Madame la rose" accompagnée au piano par Léo Chauliac. Françoise Hardy est
présente dans le public des élèves et me semble sous le charme de la chanson.