Jeudi, le 14 mai 1964, Françoise Hardy descend d’une Caravelle à “München-Riem”, l’aéroport de Munich. Lors des
deux jours (28 heures) de son séjour elle sera suivie par Rolf Palm qui l’interviewe pour le magazine Stern et le
photographe Ulrich Marck. Le 14 mai on enregistre un show télévisé (ZDF) au “Deutsches Theater” et le lendemain elle
passe aux studios télé du “Münchner Abendschau” (chaîne télé BR, Bayerischer Rundfunk) pour une interview.
Enregistrement “Age tendre et tête de bois” 13/5/64
M.A.T. N° 18 Juillet 1964
Françoise porte sous son
trenchcoat durable son
tailleur, veste et jupe, en
pied de poule noir et rouge
foncé qu’elle avait mis la
veille pour l’émission
“Âge tendre et tête de bois”.
Françoise est assise dans le parquet vide du « Deutsches Theater » et attend que les techniciens de la télé préparent sa
performance sur scène. Elle n’enlève pas son trench-coat. Elle met ses mains dans les poches de son manteau et croise
les jambes. C’est de cette façon qu’on attend dans les gares lorsque les trains sont retardés.
Le régisseur appelle de la scène “Auftritt Françoise Hardy”. Elle se lève de sa chaise et monte sur scène.
Les techniciens ajustent les phares et les caméras, le réalisateur fait un clin d’œil et Françoise Hardy chante.
Elle est devant la caméra comme elle est descendue de l’avion, dans un simple ensemble en pied-de-poule noir et
rouge avec le trench-coat durable au-dessus. Là voilà qu’elle se tient comme si elle venait d’être appelée de la rue.
Elle chante d’une façon que même les travailleurs de scène, maintenant inoccupés, écoutent, les pensées perdues.
Elle chante avec cette voix sans prétention, qui sonne toujours un peu comme si Françoise n’avait pas le moindre
intérêt à chanter ici et maintenant. Comme si elle n’était pas seulement avec ses pensées, mais aussi avec son cœur,
son âme et son corps autre part, très loin d’ici.
Elle se tient là et chante et ses bras pendent droit vers le bas. Elle ne lève pas ses bras, ses mains ne bougent pas.
Elle déteste les gestes pathétiques avec lesquels les chanteuses pop doivent se vendre.
“Parlami di te” San Remo janvier 1966 mais la photo (prise à
Montmartre) de la pochette remonte au 13 mai 1964, jour avant
son départ pour Munich.
Françoise a gardé son trenchcoat pour les
répétitions mais finalement elle l’a enlevé
pour l’enregistrement du show.
L’interviewer parle d’une chanson allemande
(titre?) mais de toute façon elle a également
chanté “J’aurais voulu”. J’ignore le nom de
ce show télévisé .
Dans l’émission “Klingende Geschenke aus
aller Welt”, diffusée le 18 décembre 1965 et
constituée d’archives de la chaîne ZDF,
Françoise Hardy chante “J’aurais voulu”
dans le “Münchners Theater”.
Françoise photographiée par Ulrich Mack dans sa chambre d’hôtel, prête à se maquiller. Déjà à 8 heures elle
prenait le petit déjeuner, café et toast et c’était tout.
Sur le chemin du retour à l’aéroport, Françoise passe au studio télé du Münchener Abendschau. Les enregistrements
prennent plus de temps que prévu. On a dû répéter l’interview parce que Françoise était passée devant la caméra
sans être maquillée. Lors du test son visage apparaît beaucoup trop pâle sur l’écran à côté du teint foncé de
l’intervieweur. Françoise applique, à contrecœur, la poudre avec le gland. “Je n’aime pas avoir ce genre de choses
sur mon visage” elle se mutine. Dans sa chambre d’hôtel elle s’était maquillé les yeux mais rien de plus.
Françoise aus Frankreich im Münchner Englishen Garten: Traurige Augen selbst beim Radeln
Puis elle découvre la clé de contact de ma voiture. Elle saute derrière le volant et poursuit la Porsche à grande
vitesse à travers la zone de télévision. Ses longs cheveux soufflent dans le vent derrière elle. Quand elle sort,
elle dit: “L’air frais m’a fait du bien”. Pour la première fois je la vois rire du fond du cœur.
Je n’ai jamais écrit les paroles allemandes de mes chansons et je ne les aime pas.
Il n’y a plus rien de ce que je voulais dire quand j’ai écrit la chanson.
Pourquoi les Allemands tiennent-ils tellement à un happy-end ?