Donnons la parole à Françoise Hardy
Le désespoir des singes p. 73
“Mes répliques insipides se comptaient sur les doigts d’une main,
mais John Frankenheimer voulait m’avoir en permanence à sa
disposition au cas où des intempéries l’obligeraient à modifier son
planning.
L’un des mes chanteurs préférés, Bob Dylan, dont j’écoutais en
boucle les chansons “She belongs to me” et “Don’t think twice it’s
all right”, se produisait à l’Olympia le 24 mai, jour de ses vingt-cinq
ans, et j’espérais depuis des mois assister à son concert. Encore
fallait-il que Frankenheimer me permette de quitter pour un soir la
principauté de Monaco où le tournage venait de commencer.
J’eus le feu vert à la dernière seconde et appris dès mon arrivée à
Paris que le frère de Jean-Marie, Jean-Pierre, s’était défenestré.
Marié depuis peu avec une beauté vénéneuse, Babette, il l’avait
menacée de sauter par la fenêtre et elle n’avait rien fait pour l’en
empêcher. Il s’agissait de son énième chantage au suicide et
l’entourage avait fini par ne plus prêter attention à ses ultimatums.
J’aurais dû rester avec Jean-Marie et sa famille en ces instants
tragiques, mais mon envie de voir Bob Dylan était plus forte que
tout. Je m’en veux encore quand j’y pense.”
Quand le chanteur américain Bob Dylan (né Robert Zimmerman)
arrive à l'aéroport du Bourget, entouré de ses musiciens, le 22
mai 1966 ( jour où le Grand Prix de Monaco a lieu), il n’a que 25
ans mais déjà ses premiers albums ont déclenchés partout un
cataclysme musical et culturel sans précédent .
Au dos de son album “Another
side of Bob Dylan, sorti le 8/8/64,
le chanteur a imprimé un poème
romantique dédié à Françoise
Hardy dont il est tombé amoureux
sans l’avoir rencontrée.
Un des photographes qui l’attendent est Jean-Marie Périer, le
fiancé de celle qu’il convoitise. Périer suivra Bob Dylan (dans
le cadre de son World Tour) en tournée en Angleterre le mois
suivant . Dylan l’inondera de questions salaces sur sa liaison
avec Françoise. Jean-Marie ne sera pas présent à l’Olympia le
24 mai, jour où son petit frère s’est suicidé.
Photo prise par Jean-Marie Périer (22/05/66)
Conférence de presse à l’hôtel Georges V à Paris (22 mai)
Johnny Hallyday a déclaré “ Dylan est un artiste que j'adore.
Il a habité chez moi quelque temps. Il s'ennuyait au George V, à
l'époque de son premier Olympia, en 1966 . Il s'enfermait tout le
temps pour écouter ses propres maquettes et puis un matin, je me
suis réveillé et il était parti, je ne l'ai jamais revu depuis “.
Comme a son habitude il va proposer au public présent ce soir là
un concert divisé en deux parties bien distinctes, une première
partie ‘folk’ ou seul sur scène il va interpréter les incontournables
protest-songs déjà légendaires ainsi que les titres inspirés du
répertoire de Amérique profonde qui ont fait de lui l’icône de
toute une génération.
Puis une seconde partie où il va débouler avec une horde de ‘freaks
déchaînés et défoncés pour un déluge de métal et de feu.
La première partie du concert est terminée, durant ce set acoustique
Dylan à de nombreuses reprises a apostrophé son public, l’ambiance
est tendue, les sifflets et les murmures de mécontentement,
d’incompréhension explosent régulièrement dans la salle. Dylan
n’en a cure et rétorque même “J’ai autant envie que vous de
rentrer chez moi”. Quelque part dans la foule une Françoise Hardy
assiste médusée a ce concert . Elle nous raconte ce qui s’est passé.
Dans les coulisses de l’Olympia
“Le concert fut d’ailleurs décevant.
Après avoir réagi froidement à une première partie franchement
pas à la hauteur, le public se mit à siffler lorsque l’entracte
s’éternisa. A ma grande stupéfaction, quelqu’un vint alors me dire
à l’oreille que Dylan ne remonterait sur scène que si j’allais dans
sa loge. Une fois devant lui, je fus effrayée par sa maigreur, sa mine
cadavérique, ses ongles trop longs...Il filait manifestement un
mauvais coton et faillit d’ailleurs mourir peu après dans un accident
de moto dont il mit des mois à se remettre. Malgré ma brève visite,
la deuxième partie ne rattrapa guère la première”.
Sur la photo ci-dessus ils ont l'air de s'ennuyer ferme. Pourtant Bob Dylan ( en 1965 marié au mannequin
Sara Lownds) est chaud comme la braise! Mais le courant ne passe pas. Pour Françoise Hardy la beauté
physique est une condition sine qua non pour tomber amoureuse. Ce soir là ce zombie, qui plus tard
révèlera qu'il était héroïnomane, n’a rien pour lui plaire.
Toutes les photos de Françoise Hardy avec Bob Dylan sont prises par le photographe américain Barry Feinstein
F. Hardy : “ Je me retrouvai ensuite en compagnie d’autres chanteurs dans une suite du George V, me demandant
ce que je faisais là et culpabilisant de plus en plus d’avoir abandonné Jean-Marie. Alors que nous attendions
stupidement dans sa suite qu’il se manifeste, Dylan entrouvrit la porte de sa chambre et m’invita à le rejoindre. Son
dernier album n’était pas encore sorti en France et il m’offrit la primeur du sublime “Just like a woman” qui
devint l’une de mes chansons de chevet ainsi que “I want you”. On m’avait rapporté que les deux seules personnes
qu’il désirait voir à Paris étaient Brigitte Bardot et moi. Je savais aussi qu’il m’avait dédié un poème, mais la
pensée qu’il me délivrait peut-être un message via sa chanson ne m’effleura pas... Nous ne nous sommes jamais
revus”.
Sur place la ‘party’ bat son plein mais de Dylan
point , il reste désespérément enfermé dans sa
chambre isolé de tous, isolé du monde
apparemment peu enclin a prendre part aux
festivités.
Ce n’est qu’au bout de 2 heures que la porte
s’ouvre, Dylan entre parmi les invités prend
Françoise par la main et l’emmène dans sa
chambre refermant la porte derrière lui.
C’est donc là que Dylan comme un gamin lui
propose d’écouter quelques titres de son nouvel
album sorti 8 jours auparavant aux États-Unis ,
le titre de ce nouvel album c’est ‘Blonde on
Blonde”. Il lui donne la primeur de découvrir
deux titres qui vont devenir bientôt mythiques
et légendaires de la discographie de Dylan
“ I Want you” et “Just like a Woman”.
Françoise ne devait pas être trop terrorisée,
constatant que Dylan n’était pas en état de
“nuire”.
Gâteau d'anniversaire pour les 25 ans de Bob
Dylan, entouré de deux fans français. Johnny
Hallyday ( qui venait d’adapter “ If you gotta go,
go now” de Dylan) et Hugues Aufray ( qui, dès
1965 avec son album “Chante Dylan” s’impose
comme le fidèle adaptateur de l’œuvre de Dylan ).
Après ce concert houleux Françoise rejoindra le Georges V
accompagnée de Johnny Hallyday, Zouzou et Hugues Aufray.
Bob Dylan n’avait que des yeux pour Françoise Hardy.
Cette histoire, souvent racontée par Françoise
Hardy fait partie de la légende des ‘sixties ‘,
certains prétendent pourtant que ce n’est pas
Francoise Hardy que Dylan a attiré dans sa
chambre mais plutôt Zouzou la belle icône
des années soixante, actrice underground et
twisteuse des années soixante mais aussi
petite amie de Brian Jones.
Elle s’appelait Danièle Ciarlet mais son
zézaiement lui valut le surnom de Zouzou.
Elle twistait mieux que personne sur les
pistes de danse des boîtes branchées. Pour le
tout Paris elle est déjà Zouzou la twisteuse
avant de décrocher un rendez-vous chez
Vogue en 1964. Grâce à son physique Zouzou
ne se fait pas jeter par Jacques Wolfsohn et
Jacques Dutronc devient son guitariste et
compositeur attiré. Ils s’entendent très bien
et comme elle aime à s’amuser elle est
autorisée à participer aux habituelles virées
entre potes. ( source:“Dutronc la bio” de
Michel Leydier ).
Zouzou la twisteuse et Françoise Hardy, l’endive du twist
Zouzou , tout comme Dani, était une jolie
amazone aussi différente de Françoise que
possible et ça gênait Françoise qui faisait
figure d’oie blanche qui ne connaît rien à
la vie et surtout rien aux hommes.
Zouzou avait un petit rôle dans le film
“L’important c’est d’aimer “ de Zulawski .
C’est elle qui mettra Françoise au courant
de la liaison que Jacques Dutronc a avec sa
co-star Romy Schneider ( Le désespoir des
singes) .
Jacques Dutronc et sa copine Zouzou
Entre Françoise Hardy et Bob Dylan on voit Zouzou
“Pour me faire pardonner, je vous envoie deux brouillons que deux Américains m’ont fait parvenir récemment.
Ce couple éait ami avec le taulier du Café Expresso à New York où Dylan allait tout le temps et tapait des tas
de choses, qu’il oubliait parfois… Cela m’a fait drôle de recevoir ça une cinquantaine d’années après et j’ai été très
touchée (alors que son poème ne m’avait fait ni chaud nifroid) - mais cela doit impérativement rester secret “
(e-mail 3 mai 2017).
Apparemment ce n’est plus un secret
It all started in the 1960s, when Bob Dylan saw the French songstress perform on TV. The American rocker
immediately fell under the charm of the young singer’s melancholic trademark voice, who was only just out of her
teens and already well-known, while Minnesota-born Bob Dylan was living in New York’s Greenwich Village.
Inspired by the bustling city that never sleeps, he spent his days in corner cafés writing notes and letters, which were
found by two friends of the owner. Amongst them were letters addressed to the French singer, emblazoned with the words
“For Françoise Hardy” and as Dylan’s object of affection revealed to France Inter, “two people, who spent a long time
looking for me, had inherited these documents they thought might interest me.” Bob Dylan expressed his sorrow that the
potential relationship could never have worked, due to the distance between them. He also mentions that he didn’t need to
be close to Françoise Hardy to feel like he knew her. The Tous les garçons et les filles singer only received these letters a
few months ago, which touched her deeply. The pair only met once during their respective careers, during a Bob Dylan
concert in Olympia in 1966.
Zazou parle de la rencontre de Bob Dylan avec Françoise
dans son livre “Jusqu’à l’aube” et en donne une version
différente.
Voici quelques extraits du livre “ Un long chant d’amour”
par Fréderic Quinonero.(p.136-141)
Zouzou raconte également que Bob Dylan l’a accompagnée pour l’enregistrement d’une télé avec Tom Jones et
Françoise Hardy qu’elle a du croiser à ce moment-là. Cette émission, diffusée le 30 juillet, a donc été enregistrée
fin mai 1966.
Marianne Faithfull “Si demain”
Serge Gainsbourg “Qui est in,
qui est out”.
Tom demande à Françoise “When will you come back to
England again ?”. “Soon” est sa réponse. Au moment de
la diffusion du show elle se trouve en effet à Londres.
Elle composait souvent dans les salles de bains parce que l’accoustique y est meilleure. Ainsi, en tournée, dans les plus beaux palaces
du monde, pour la trouver, c’était simple, il suffisait d’aller dans la salle de bains. ( Jean-Marie Périer “Françoise” p. 28 ).
Françoise Hardy Ssngs in English est le premier album chanté en anglais par Françoise Hardy. Destiné en priorité au
marché anglophone, l’édition originale a été éditée au Royaume-Uni, en mai 1966. La première édition française a
été publiée en septembre de la même année sous le titre, In English.
Cover text :(New Zealand)
FRANCOISE HARDY
For men she is the ideal woman. For women she is the faithful reflection of their schoolgirl dreams. And for young people she
champions the cause of poetry in its fight against soulless modernity.
She is Francoise Hardy, one of the most original and engaging girl singers to emerge from France since the war.
Francoise was born on January 17, 1944, in the 9th Arrondissement of Paris. A strict upbringing ensured that she devoted a large
amount of time to her studies. She was a brilliant pupil, passing her two baccalaureats with honours and then going on to take a
degree course in German.
In her spare time Francoise learned the guitar and began composing songs. When she was 18, she went to an audition armed with
enough of her own songs to make an entire album. Jacques Wolfsohn, her present Artistic Director, who had heard her sing earlier
at the Golf Drouot, a Paris beat club which has given many young singers their first chance, signed her up on the spot.
From that moment the life of Francoise Hardy was transformed. She abandoned her studies and embarked on a singing career.
She was a success almost immediately, but it was the TV programme in which she sang her celebrated "Tous les garcons et les filles"
which really saw her firmly established on the ladder of success.
That was in 1962, and since then not a year has passed without Francoise topping the hit parade of France, America and even Russia.
Her recent big successes, "Autumn Rendez-vous", like her earlier hits, are songs of great quality with poetic and imaginative lyrics.
Francoise is very much a girl of the sixties. Slim, elegant in mini skirt or with Courreges trouser suit, she drives her Lancia at 120
mph and has rejuvenated the atmosphere of St.Germain des Pres. Amiable, natural, cultured and amusing, Francoise Hardy is all of
these. Add to this her unique talents as a songwriter and singer and it is easy to see why she has become France's top international
girl singer, sought after by film producers all over the world.
The Tatler - 2 juillet 1966
HITPARADE mai 1966 : "La maison où j'ai grandi" se classe dans le hitparade de 6 pays .
1ème place
Info Jukebox N° 233
Spécial 1966
10ème place
The Chum Chart Book
2ème place
https://www.ultratop.be/fr/ultratop50
6ème place
https://hitparade.ch
4ème place
http://danishcharts.com
3ème place
magazines Milliyet
et Hey
Curieusement il manque “So many friends”,
version anglaise de “L’amitié”.
Dans le public : Françoise Hardy, Hugues Aufray et sa fille ainée Marie
West Lothian Courier 13 may 1966
"Only you can do it" atteint une 4ème place
dans le hitparade australien.