Le 23 mars se déroule la 8ème
édition du Concours Eurovision
de la Chanson à Londres.
Françoise Hardy représentait
Monaco avec sa chanson
“L’amour s’en va”.
Il existe une série de photos
(prises à la veille du concours) et
quelques articles sur le passage
de Françoise à Londres ce jour-là.
Ce n’était qu’une visite éclair
à la capitale anglaise comme
le concours tombait en plein
milieu de la tournée que Françoise
effectuait en France avec Richard
Anthony.
Françoise Hardy dans sa chambre d’hôtel à Londres, le 22 mars 1963
Françoise Hardy avec sa guitare à son arrivée à l'aéroport
d'Heathrow à Londres le 22 mars 1963,
Les seize participants photographiés devant le tableau d’affichage
Nana Mouskouri, Alain Barrière,
Françoise Hardy, Annie Palmen,
Jacques Raymond et Grethe &
Jorgen Ingmann.
Rehearsals for the final of the Eurovision Song Contest. Pictured, some of the singers who are rehearsing today,
left to right, Anita Thallaug of Norway, Laila Halme of Finland and Grethe Ingmann with her husband Jorgen of
Denmark. March 21, 1963 .Les pays nordiques (Norvège, Finlande, Suède, Pays-Bas) n’ont obtenu aucun point.
Apparemment à cette époque on ne votait pas d’office pour ses voisins. On chantait dans la langue nationale
Le chef d’orchestre Raymond Lefebvre, Françoise Hardy et Lucien Morisse d’Europe 1.
Ruban aux cheveux,
pull foncé,
jupe à carreaux = répétitons
French singer and actress Françoise Hardy reading the programme for the Eurovision Song Contest in a studio at
the BBC Television Centre in Shepherds Bush, London, before her performance representing Monaco, 23rd March
1963. Later that day, Hardy placed 5th with her own song, 'L'Amour s'en va'. (Photo by Jimmy Wilds).
Une fois les seize particpants présentés chaque artiste réapparaît pour défendre sa chanson.
Avant l’entrée en scène la voix de David Jacobs annonce l’artiste.
Après leur performance on ne reverra plus les artistes ( pas d’images des artistes pendant la
votation), à part le gagnant qui va reprendre la chanson gagnante à la fin.
Lors de la première présentation Françoise
réussit à produire un sourire, du bout des
lèvres. Ce sourire ne reviendra pas avant
que le boulot est fait.
En attendant les résulats , l'entracte sera assuré par un duo suédois, “Ola and Barbro”,
des équilibristes qui nous offrent un numéro de cirque sur vélo. Ils présentent aux
75 millions de téléspectateurs de 18 pays un acte de variété d’une simplicité hallucinante,
inimaginable de nos jours. En tout cas, ils ne peuvent pas tomber de très haut comme
certains chanteurs qui ont déjà un certain renom.
En 1963 les choristes sont de nouveau autorisés mais le représentant du Royaume-Uni sera le seul à utiliser cette possibilité.
Israël fait indirectement son entrée au concours puisque l’Autriche (Carmela Corren) et la Suisse ( Esther Ofarim) font appel à des
ressortissants de ce pays pour les représenter.
La chanson doit être chantée dans la langue du pays (certains pays comme la Belgique ou la Suisse ont installé un système
d’alternance pour représenter leurs langues nationales).
Le vote a subi, encore une fois , quelques modifications : les jurys nationaux sont composés maintenant de 20 membres, chacun d'eux
a cinq votes de 1 à 5 points à attribuer à leurs cinq chansons favorites. Après totalisation dans chaque pays, le Président du Jury
national attribue une note de 5 points à la chanson arrivée en tête, 4 points à la seconde et ainsi de suite jusqu'à 1 point à la chanson
classée 5e. Autre nouveauté, la présentatrice était également en liaison téléphonique avec un Scrutateur de l'UER, un arbitre dont la
décision devait trancher en cas de difficultés. Et des difficultés ... il y en aura. L’annonce des votes des jurys sera cette année une
des plus perturbées de l’histoire du concours, principalement à cause d’erreurs des porte-paroles.
Si les résultats sont plus serrés qu’en 1962, ce système d’attribution des points prouve encore qu’il génère de nombeux “O point”.

Le commentaire qui introduit Françoise , juste avant sa seconde entrée en scène:
“ Another song of love, sung by the composer: “L’amour s’en va”, “Love goes away”. The conductor is Raymond Lefevre.
The singing composer is a quite remarkable young lady who, at eighteen, granted more success in a few years than do many
people in a lifetime. From fame as a singer-composer she’s now to appear in a starring role in a film written by Françoise Sagan.
Let’s meet the succeeding talented young lady, called Françoise Hardy.”

Ce Grand Prix s’avéra, comme presque tous les concours auxquels Françoise a participé, être un cauchemar pour elle. C’était la
première fois qu’elle se présentait devant un si grand public. ( l’Olympia avec Richard Anthnoy a eu lieu fin de cette année).
Après ce concours elle exprimait son souhait de ne plus avoir à participer à des émissions télévisées en direct. Elle se rappelle
qu’elle était tétanisée par le trac et qu’elle avait l’impression de mâcher les mots. Son résultat n’est pas si honteux que ça mais
le Monaco et la France s’attendaient à un résultat bien meilleur. N’oublions pas que quatre chanteuses expérimentées ont
obtenu zéro point.
La rumeur ( due à l’absence de micros et le changement de décors/plans dans un très bref délai) courait que les chansons n’étaient
pas en direct. Françoise Hardy ( qui probablement aurait voulu que ça soit vrai) a démenti cette rumeur dans l’interview où elle
exprimait l’espoir qu’il ne circule pas des enregistrements de sa triste performance.
Voici les quatre chanteuses
qui ont obtenu zéro point.
Elles se sont classées
13 ème!
Quatre ex-aequo à ce niveau
n’ était pas un problème,
mais quatre gagnantes à 18
points l’était en 1969 et
changeait le système de
votes.
Le top 3 Cathy Boyle félicite les gagnants
C’est frappant comme la presse parle peu de la performance de Françoise. Déception ? Tentative à faire oublier la gaffe d’avoir déjà
donné Françoise gagnante. L’ hebdomadaire flamand/hollandais “De Post” en parle.
“ 50 million de téléspectateurs attendaient , vu la gloire qui la précédait, que Françoise
Hardy, la jeune chanteuse (19 ans) française, allait triompher à Londres. Elle, qui avait
vendu un demi million d’exemplaires en seulement six mois.
Elle, dont toute la presse française se mettait d’accord pour raconter qu’elle est la révélation
d’une génération. Une victoire au Grand Prix de la Chanson Eurovision ne serait qu’une
formalité. La France était si sûre de sa victoire que l’hebdomadaire , le plus vendu en France
mettait d’avance Françoise à la une en mentionnant “ triomphe à Londres”.
“ De Post” continue. “Toute l’Europe a pu constater la défaite ( ce qui signifie une cinquième place
partagée vu les grandes espérances) et surtout que Françoise Hardy a encore beaucoup à apprendre
quand elle veut faire de la scène. Le talent ne manque pas mais elle ne sait pas se faire valoir devant
un public. Sa performance découvrait les défaillances d’une carrière météorique de six mois”.
L’hebdomadaire en question
c’est Paris Match qui ne souffle
mot sur l’Eurovision. L’article
traite la nouvelle coiffure de
Françoise au lieu de sa nouvelle
victoire.
“ J’étais raide comme un piquet” dirait Françoise qui est la première à donner raison à de pareilles critiques. C’est évident que la
gloire est venue trop vite ( célèbre avant d’être connue) pour la plus jeune participante de ce concours, ne la laissant pas le temps
d’apprendre le métier.
Ca n’empêche pas que “L’amour s’en va” a fait un beau parcours dans les hitparades sans qu’on
peut parler d’un successeur au mégatube “Tous les garçons et les filles”. Disons un mini-tube.
Le plus frappant c’est que, pour certains pays, la participation de Françoise à l’Eurovision introduit ou
réinstalle “Tous les garçons et les filles” dans le hitparade.
Le premier Discorama de Françoise Hardy, diffusé le
21 avril 1963 fut enregistré le 27 mars 1963, peu après
le concours. L’émission démarre avec la chanson
“L’amour s’en va” qu’elle venait de présenter au
Concours de l’Eurovision mais l’interview par Denise
Glaser ne souffle mot sur le Concours.
L’émission se termine sur la chanson “La fille avec toi”.
(voir dossier avril 1963)
Gazet van Antwerpen 26 mars 1963
Françoise Hardy sur une passerelle d'Air France lors de son départ pour Londres le 22 mars 1963.