Françoise Hardy, photographiée dans les rues de San Remo, le 28 janvier 1966.
Photos prises dans sa chambre d’hôtel
On n’a pas encore présenté les chanteurs italiens de San Remo’66 :
Wilma Goich, Adriano Celentano, Gino, Iva Zanicchi, Georgio Gaber,
Lucia Tuina, Claudio Villa, Riccardo, Franco Tozzi, Srgio Endrigo,
Milva, Pino Donaggio, Giuseppe di Stefano, Vic Dana, Caterina Caselli,
Paola Bertone, Nicola Di Bari, Ornella Vanoni, Peppino Gagliardo,
Remo Germani, Orietta Berti, Los Paraguayos, Luciano Tomei, Domenico
Modugno, Edoardo Vianello, Lucio Dalla ... et Gigliola Cinquetti,
I Ribelli, Anna Identici, Trio del Clan, Plino Maggio, Anna Marchetti.
Françoise Hardy , dont on attend la sortie
de son dernier film “Une balle au cœur”,
où elle partage la vedette avec Sami Frey,
vient de participer pour la première fois au
Festival de San Remo. Vous retrouverez
dans ce numéro, en exclusivité pour la
presse française, le reportage complet de
ce Festival qui est à la chanson et au
disque ce que celui de Cannes est au
cinéma.
Cliquez sur la couverture
de “Le Canzoni di San Remo”
pour entendre un petit
bout des 42 chansons
présentées au Festival.
Françoise a finalement
enlevé ses lunettes
noires
Assis à côté de Françoise Hardy on voit le chanteur Nicola Di Bari. Françoise l’a bien connu
comme il était dans la même maison de disques où il avait commencé comme magasinier.
Nicola, finaliste en 1965, fut éliminé en 1966 à la demi-finale mais s’est bien rattrapé en
gagnant le festival de San Remo en 1971 et 1972.
Françoise Hardy portant les 2 choses qui sont censées lui donner confiance en soi :
la tenue blanche de Courrèges et une bouteille de vin rouge.
Françoise Hardy à San Remo, en compagnie
de Remo Germani (à gauche) et Peppino
Gagliardi (à droite). Trois chanteurs de la
maison de disques Jolly.
Mike Bongiorno ( sur la photo avec Pat Boone) a
présenté la soirée d’une manière professionnelle.
Chaque année c’est un travail particulièrement
laborieux, dû a la présence de quatre-vingt
chanteurs en tout. Mike a présenté le festival
de 1963 à 1967.
On le surnommait “Il Re del Quiz” et c’est un
des hôtes les plus populaires de la télé italienne.
Françoise avec la coqueluche de San Remo, Gene
Pitney ( Nessuno mi puo giudicare) et le crooner Pat
Boone (arrière-plan) . Françoise trouvait Gene
“trop petit” (tout comme Tom Jones) pour être
séduite. Et Jacques Dutronc alors ... ?
Photos prises par le photographe flamand Herman Selleslags lors des répétitions au Festival de San Remo et exposées dans l’expo
sur Herman Selleslags juin 2015 à Anvers.
Les photos qui illustrent l’article ci-dessous, paru dans le
Ciao Amici N° 13 de 1966 sont prises à San Remo
Françoise avait apporté la tenue blanche ét la petite robe trapèze blanche de Courrèges à San Remo.
Richard Anthony et Françoise Hardy , portant sa minijupe trapèze de Courrèges sous une fourrure, dans la salle.
En 1964 Richard Anthony avait deux mégatubes un dans le hitparade italien : “Cin Cin “ et “La mia festa” qui
occupaient la 2ème et 4ème place dans le classement annuel.
Classement de la première demi-finale ( 28 janvier) :
1. Ornella Vanoni et Orietta Berte avec “Io ti daro di piu”.
2. Giorgio Gaber et Pat Boone avec “Mai mai mai Valentina”.
3. Wilma Goich et Les Surfs avec “In un fiore”.
Bobby Solo qui avait gagné
le Festival de San Remo en
1965 avec la chanson
“ Se piangi se ridi ” n’arrive
pas en finale cette année.
Ce qui nous intéresse surtout est la demi-finale qui a eu lieu le 29 janvier et dans laquelle Françoise Hardy,
dans sa tenue blanche de Courrèges, défend la chanson “Parlami di te”. Il m’est impossible de dire si les
photos suivantes remontent au 29 janvier ( 2ème demi-finale) ou au 30 janvier 1966 (finale).
With a little help of my friends : Françoise et Edoardo / Françoise et Gene Pitney dans leur loge
Petite tricheuse : Françoise a toujours affirmé que le costume blanc de
Courrèges la rendait plus confiante. Elle est tout de même d’avis qu’il
vaut mieux jouer serré et, par peur d’oublier le texte, elle préfère le noter
dans la paume de sa main. ( San Remo 1966 ) Photos: Herman Selleslags
Photos de Françoise et Domenico
Modugno qui se trouvent dans le
deuxième demi-finale.
En 1958 Domenico avait triomphé avec “Nel blu dipinto di blu”
(“Volare”) au Festival de San Remo avec Johnny Dorelli. Cette chanson
qui représente l'Italie à l'Eurovision se classe 3e mais sera un tube
mondialement connu. En tout Domenico Modugno a 4 fois gagné le
Festival de San Remo.
Edoardo Vianello et Françoise Hardy ont
réussi à porter la chanson “Parlami di te”
en finale. Des deux Vianello fut le plus
applaudi. La Hardy n’a pas su donner le
meilleur d’elle-même à cause de sa grande
émotivité.
Tout le long du Festival elle a souffert de
l’absence de son fiancé Jean-Marie Périer
qui était censé être là mais qui a été retenu
à Paris. Mais les opinions sont partagées.
Edoardo Vianello a
accepté la dernière place
en finale avec beaucoup
de résignation. Il verra
agrandir le nombre de ses
fans. Il retentera sa chance
en 1967 mais c’est pire
(demi-finale). “O mio
signore” restait son plus
grand succès dans les
années d’or (62 - 64) de
cet aimable chanteur.
Témoignage précieuse d’un fan qui a eu al chance d’être là.
A propos d'Italie, j'étais à San Remo lors du festival auquel a participé Francoise ...
Non, je n'étais pas dans la salle de concert. Non, je ne l'ai pas vue en chaire et en os (surtout en os disent les mauvaises
langues). Je ne l'ai vue que sur écran géant (en fait une télé grand écran) devant lequel étaient agglutinés la population
locale et les touristes impécunieux comme moi.
La chanson qu'elle défendait était loin d'être parmi les favorites, même si j'avais pu glisser plusieurs bulletins dans
l'une des urnes placées au grand théâtre local (et non pas au casino car, c'est à cette époque que je l'ai appris, les
casinos sont interdits en Italie sauf dans le val d'Aoste) mais elle est arrivée cependant en finale, ce qui nous a permis
de l'entendre à nouveau le lendemain.
Et si elle est arrivée en finale, c'est bien grâce à Françoise dont tout le monde reconnaissait que l'interprétation qu'elle
en avait donnée était saisissante. C'est vrai qu'elle y avait mis beaucoup de cœur et de fougue contrairement à son
partenaire italien qui s'était contenté, lors du premier tour, de chanter platement la chanson qu'il avait pourtant écrite
( Récit par Claude , copié du blog Mon amie la rose)
On peut affirmer que Françoise a sauvé sa chanson puisqu’elle
est passée en second et a offert une présentation qui a été très
appréciée. C’est elle qui a mené la chanson en finale.
Le soir, sous les lumières, Françoise est redevenue celle que l’on aime et qu’on préfère dans sa tenue préférée (pantalon
et jumper blanc de Courrèges), ses longs cheveux blonds accrochant tous les projecteurs. Sa chanson est passée sur les
antennes avec une telle conviction qu’elle est allée en finale. (Cinémonde)
Dans la finale Vianello n’était pas à la hauteur d’où un résultat dans le fin fonds du classement . La grâce renversante
de Françoise savait masquer une fausse note s’il y en avait. Elle parvenait à moduler sa voix et la pousser dans un
registre ou elle ne doit pas se sentir à l’aise. Elle ne me semble pas rongée par le trac au point de ne pas arriver à faire
vivre sa chanson.
Françoise Hardy a recueilli beaucoup de suffrages auprès des jurés de la télévision mais pas assez pour rattraper la perte
de Vianello. Pour une chanson qui est arrivée en finale la version de Edoardo connaîtra une faible vente de disques ,
en tout cas nettement inférieure à celle de Françoise.
Françoise Hardy était
sans doute la
chanteuse la plus
élégante et la plus
fascinante à San Remo.
Avec l’assurance
des plus grands elle a
offert une interprétation
optimale de sa chanson
“Parlami di te”
(Sogno N° 7 de 10/02/66).
Au micro de Radio Monte-Carlo .
Elle était venue participer au
Festival avec beaucoup
d’appréhension et un immense
trac. L’accueil qu’elle y reçut la
rassura et c’est gaiement
décontractée que Françoise
alla jusqu’en finale.
Soulagée de ne pas être éliminée au premier tour elle peut entamer le lendemain un peu plus relaxe.
Une des grandes surprises fut
l’élimination d’Adriano Celentano
avec la chanson “Un ragazzo della
via Gluck”.
Françoise Hardy :
Eduardo Vianello m’avait composé pour l’occasion Parla mi di te, une chanson
trop pompeuse pour me plaire, mais, en même temps, il m’offrait sur un plateau
Ci sono cose, un petit bijou qui, aujourd’hui encore, me met les larmes aux yeux.
(Il est des choses).
Je garde un très mauvais souvenir de ma prestation: j’étais tétanisée au dernier
degré par le trac et convaincue que cela s’entendait encore plus que cela ne se
voyait. Etrangement, Adriano Celentano avait été éliminé lors de sa première
sélection avec une chanson très supérieure à Parla mi di te et pour laquelle j’eus
un coup de foudre immédiat, Il ragazzo della via Gluck. Les Italiens ont le sang
chaud, c’est bien connu, mais je fus ahurie d’apprendre que, désespéré par son
éviction, Celantano s’était jeté contre un mur avec sa voiture qui, par bonheur en
souffrait plus que lui.
Rentrée à Paris je fis des pieds et des mains pour enregistrer sa chanson en français. La maison où j’ai grandi eut autant
de succès en France que, n’en déplaise au jury de San Remo, Il ragazzo della via Gluck en Italie.” ( Le désespoir des
singes ...).
A l’époque dès qu’il y avait une chanson américaine, anglaise, italienne ou autre qui nous plaisait c’était à qui
bloquerait les droits le premier ou à qui demanderait le premier à l’éditeur pour pouvoir l’adapter en français. Donc
cette chanson d’Adriano Celentano c’est ce que j’ai fait. Mon directeur artistique de l’époque n’était pas trop d’accord
d’ailleurs.
La chanson contestataire d’Adriano Celentano, serait autobio-
graphique. Il est né le 6 janvier 1938 à Milan Via Gluck 14. La rue
est nommée après le compositeur allemand Christoph Gluck.
Adriano Celentano n’est pas l’homme à dissimuler son avis.
Il réprouvait ouvertement la performance (le bruit) des “Capelloni”
( les cheveux longs) en se bouchant les oreilles.
Puis, il a manifesté bruyamment sa déception lors de l’élimination
de sa chanson. Un vrai Italien au sang chaud. Une élimination qui
était une surprise pour la presse étrangère qui avait bien accueilli
la chanson.
Adriano Celentano, malgré la défaite de sa chanson a assisté à la
soirée de la finale pour regarder ses “Ribelli” qui s’étaient engagés
avec “A la buena de Dios”.
J’ai vu sur Internet un classement (sans mention du nombre des votes) dans lequel on accorde une huitième
place à Françoise et Edoardo. Peu importe. Une victoire éclatante pour la chanson “Dio come ti amo” chantée
par Domenico Modugno et Gigliola Cinquetti. A la deuxième place on retouve Caterina Caselli et Gene Pitney
avec “Nessuno mi puo giudicare” qui n’ont même pas obtenu la moitié des votes des gagnants. Après eux
c’est le désert.
Domenico Modugno, très confiant en soi-même , était un des
rares chanteurs qui ne souffrait pas des nerfs. Il a triomphé
comme il avait promis. Veni, vidi, vinci.
Gigliola Cinquetti a su maîtriser ses nerfs et elle a porté
“Dio come ti amo” à la victoire en chantant avec beaucoup
de retenue, là où Mimmo (Modugno) était plus combattif.
A partir de 1956 le Festival de San Remo servait à désigner le
représentant de l’Italie au concours de l’Eurovision. En 1966 on
a choisi Domenico Modugno mais le Luxembourg réservait zéro
Points à “Dio come ti amo”. On a donc rompu avec la tradition
qui pourtant explique, en partie, le succès international de qqs
chansons qui sortaient du “ Festival della canzone italiana”
comme Nel blu di pinto di blu (Volare) de Modenico Modugno
et “Non ho l’eta” de Gigliola Cinquetti.
Une petite place en finale de San Remo n’empêchait pas forcément une chanson et son interprète de mener une carrière
internationale ( Una lacrima sul viso de Bobby Solo) et même une chanson éliminée au premier tour (Il ragazzo
della via Gluck par Adriano Celentano) garde ses chances de tourner en tube. A San Remo c’est un jury qui décide.
On a vu les résultats du Festival mais qui sont les vrais gagnants en
vente de disques?
Au bout d’une semaine le top 10 en Italie est tout à fait bouleversé
par l’entrée des chansons issues du Festival. Dix sur dix pour San
Remo qui est vraiment la plaque tournante de la chanson italienne.
Plusieurs chansons sont représentées dans les deux exécutions.
Le Top 100 italien de l’année 1966 indique que les chansons de
Caterina Caselli et Adriano Celentano ont le mieux marché. Quel
début pour Caterina et quelle revanche pour Adriano.
Dans le top 100 de l’année 66 on retrouve Françoise à la 99ème place avec une 17ème
position comme meilleur résultat hebdomadaire. Mais finalement c’est peut-être elle
qui a profité le plus de San Remo avec “La maison ou j’ai grandi” qui en mai 1966 se
classe au sommet des ventes de disques en France. Chanson délicieuse qui marque
la carrière de Françoise mais aussi la jeunesse de beaucoup de fans. Merci San Remo.
(entre parenthèses: meilleure position hebdomadaire)
Le Classement du Disque
( Giovani, mars 1966 ).
Françoise Hardy est évidemment tenue à distance
mais s’est rattrapée. Sa chanson de San Remo,
après avoir somnolé pendant des semaines à
l'arrière du classement, est maintenant passée
à la quatrième place d'autorité avec l’intention
d’y rester longtemps. Son style chuchoté a été
couronné de succès.Un classement nettement plus
favorable pour Françoise.
6. Caterina Caselli: Nessuno mi piu giudicare (1)
10. Adriano Celentano: Il ragazzo della via gluck (2)
20. Gene Pitney: Nessuno mi piu giudicare (3)
36. Domenico Modugno: Dio come ti amo (2)
39. Wilma Goich: In un fiore (5)
55. Les Surfs: In un fiore (4)
58. Pat Boone: Mai mai mai Valentina (5)
65. Ornella Vanoni: Io ti dari di piu:(5)
67. Gigliola Cinquetti: Dio come ti amo (7)
68. Sergio Endrigo: Adesso si (10 )
71. Pino Donaggio: Una casa in cima al mondo (9)
76. Giorgio Gaber: Mai mai mai Valentina (8)
81. Richard Anthony : Nessuno di voi (17)
84. Remo Germani: Cosi come viene (15)
89. Les Surfs: Cosi come viene (11)
90. Claudio Villa: Una casa in cima al mondo ( 19 )
96. Milva: Nessuno di voi (23)
99. Françoise Hardy: Parlami di te (19 )
Caterina Caselli et Gene Pitney qui, en vente de
disques, sont les vrais vainqueurs du Festival de
San Remo 1966 avec “Nessuno mi piu giudicare”
Sur tous les pressages de “Parlami di te” c’est “Nel mondo intero” qui figure sur la face B. La version italienne de
“All over the world” est d’une qualité supérieure. Les chansons sont enregistrées à Londres sous la direction de Charles
Blackwell.
L’exception qui confirme la règle.
Parlami di te / L’amitié
Vito Pallavicini (1924-2007) a écrit les textes pour
4 chansons de San Remo 1966, “Parlami di te” inclus.
Il a également écrit les paroles de “La tua mano” et c’est
lui qui a adapté les chansons de Françoise Hardy en
italien Il tuo migliore amico, L’amore va, Quelli della
mia eta, L’eta dell’amore, Devi ritornare, I sentimenti,
etc...
Mon association ponctuelle avec Eduardo Vianello nous valut la proposition d’un roman-photo, genre très à la mode dans
l’Italie de ces années-là. Les pressions habituelles m’incitèrent à accepter ce qui s’avéra une épreuve tragi-comique.
D’abord parce que les prises de vue eurent lieu en plein hiver sur une plage où nous claquions des dents, ensuite parce que
Eduardo, beaucoup plus petit que moi, devait monter sur un caisson pour être à ma hauteur. Enfin parce qu’il était prévu
de nous embrasser amoureusement à un moment donné. Bien que cette perspective m’ait tourmentée au dernier degré
pendant des jours et des nuits, le baiser en question ne m’a laissé aucun souvenir
( Le désespoir des singes et autres bagatelles) .
Françoise t’es impliquée dans un drame?
Oui, la fille qui est ma rivale involontaire , quitte son mari pour rejoindre Edoardo à Paris. L’histoire est basée sur un
malentendu, sur l’incapacité universelle d’exprimer ses sentiments au moment propice en toute sincérité et sans méfiance.
C’est comme quand on est amoureux pour la première fois. Un mot suffirait pour changer ton destin mais le courage te
manque. Le jour où on passe aux actes on se trompe ou c’est trop tard. Mais comme l’histoire touche à sa fin je ne peux
pas vous en dire plus.
Parlami di te : roman-photo
Edoardo était plus petit que Françoise.
Voilà comment le magazine Sogno a résolu le problème.
Et dans la vraie vie de Françoise ?
L'amitié
11ème place
Info Jukebox N° 233
Spécial 1966
Ich bin nun mal ein Mädchen
24 ème place
Hit Bilanz 1956-1980
Ich bin nun mal ein Mädchen
12 ème place
Österreichisches Hit-Lexicon
Frag den Abendwind
14 ème place
chart-history.net
Correre de la sera 21/01/66
Edoardo Vianello est allé chercher Françoise
à l’aéroport de Rome le 20 janvier 1966
Françoise Hardy face aux photographes dès son arrivée à San Remo
On la reverra , vêtue de cette façon, dans le roman-photo “Parlami di te”
Françoise, qui à cette époque est une star en Italie accorde
plusieurs interviews dans son appartement à Paris.
Ce qui surprendra personne c’est la peur qui prend le dessus
chez Françoise. Peur que sa voix ou sa mémoire la laisse en
plan. Peur qu’elle ne passera pas le cap de la première soirée.
Peur de l’atmosphère de compétition qui dominera le Festival.
Peur qu’on malinterprète son début à San Remo, en disant qu’
elle participe parce qu’elle n’a rien à perdre vu une popularité
descendante. Peur de la catastrophe parce que sa carrière,
minutieusement construite, pourrait s’écrouler, bien au-delà de
l’Italie. Elle redoute les trois minutes de trac dans la fosse aux
lions. Elle se méfie aussi de la presse qui scande facilement la
défaite quand on n’a pas la “chance” de gagner.
Peur avant le festival et après coup le sentiment de “honte” qui
s’installe facilement chez une Françoise perfectionniste. Elle
garde un très mauvais souvenir de sa “prestation’”, juste
comme de l’Eurovision 1963 ou elle avait chanté “L’amour
s’en va” , ayant l’impression qu’elle mâchait ses mots. Alors
pourquoi n’a-t-elle pas refusé San Remo? Sûrement elle a
dû faire de son mieux pour s’y dérober.
Photo remonte au festival de Castrocaro 10/12/64
Le XVIème festival de San Remo a lieu du 27 au 29 janvier 1966 au Casino.
Il y a deux “demi-finales” et une sélection de 26 chansons dont 14 chansons
seront retenues pour la grande finale. Françoise Hardy fait partie de la
deuxième demi-finale .
A part sa grandeur Le Festival de San Remo est “particulier” à plusieurs titres.
1. Chaque chanson est défendue par deux interprètes, séparément (pas en duo).
Le partenaire de Françoise Hardy est Edoardo Vianello, le compositeur de
leur chanson “Parlami di te”.
2. A partir de 1964 ce n’est plus une affaire exclusivement italienne.
Des chanteurs d’autre nationalité, “Gli Stranieri”, peuvent aussi tenter leur
chance.
En 1966 les étrangers sont de nationalité :
française : Françoise Hardy, Richard Anthony, Les Surfs et Ricardo
américaine : Pat Boone, Gene Pitney , Bobby Vinton , P.J. Proby, John Foster
et le groupe folk The New Christy Ministrels
anglaise : The Yardbirds et The Renegades).
Du côté italien c’est plus facile de citer les grands absents: Mina, Rita Pavone
et Gianni Morandi.
Mais les chansons que les étrangers interprètent restent des nouvelles chansons
d’origine italienne.
Et moi pas tout à fait résolue à y aller, je lui donnais raison.
Eh bien, Petula n’a pas gagné mais rien de catastrophique
s’est passé. Au contraire, la Clark a vu monter en Italie la
vente de ses disques et sa popularité. Alors il n’y avait plus de
raison de refuser .
Le magazine italien Sogno du 20 janvier ‘66 nous révèle que Françoise
Hardy a déjà eu l’intention de participer au Festival de San Remo.
En étant la chanteuse française la plus connue en Italie j’ai déjà eu
l’occasion de participer au Festival en 1964 quand il ouvrait ses
portes aux étrangers. Tous mes amis français me l’avaient déconseillé.
Je devais faire attention parce qu’il y a peu de chance de gagner le
concours et le cas échéant je risquais d’être descendue par la presse
malgré une bonne performance. Un prospectif catastrophique en somme.
Néanmoins , l’année passée j’étais sur le point d’accepter ( chanson
“La tua mano”) mais c’est la faute Petula Clark , sans méchanceté, que
ça a abouti à rien. Petula s’était déjà engagée et quand elle était au
courant de mes intentions elle m’a fait savoir qu’elle trouvait ça
illogique qu’on descendrait à deux dans l’arène. Mieux valait limiter
les dégâts ( Vogue étant aussi la maison de disques de Petula en France).
Disco N° 2 Mars/Avril 1966
Archivio Luce contient un cinéjournal "Italia - Per le strade e sulle piazze di S. Remo impazza il festival
della canzone italiana” qui montre les vedettes du Festival de San Remo. ( e.a. Françoise Hardy, Gene Pitney,
Gino Paoli, Claudio Villa, Milva, Bobby Solo, Nicola Di Bari, Pino Donaggio, Gigliola Cinquetti, Domenico
Modugno et Remo Germani.
Françoise Hardy , Remo Germani (à gauche) et Peppino Gagliardi (à droite).
Françoise en minijupe trapèze de Courrèges.