Toujours une de mes chansons préférées de Françoise... . Et une de celles où elle se livre le plus, en tout
cas adopte un ton intime, confidentiel, à nu, la voix tremblante, sur de simples accords de guitare.

Elle ne l'a pas fait si souvent, en fin de compte. Il y avait "Pars", aussi, dans le même style (sauf que
des choeurs s'ajoutaient par-dessus vers la fin).

Ce sont deux de mes 45 tours préférés qu'elle a sorti en cette année 66, avec "Comme", qui précédait,
et qui est renversant. J'adore l'album, du reste. Elle y chante avec plus de coeur, je veux dire, un coeur
plus ample, plus ouvert, qui s'élève comme une clameur, un appel, une plainte, un cri... J'ai ainsi appris
à aimer de plus en plus "Je changerais d'avis" sur cet album... car il est de ces morceaux où le
romantisme de Françoise évolue de l'intimisme au lyrisme, une grandiloquence qui sonne juste, où elle
a besoin d'un orchestre pour donner plus de paysage à son émotion. On est plus proche de Brel que de
Brassens, quoi.

Sur ces deux 45tours, la voix de Françoise paraît plus transie, plus plaintive, le murmure devient un cri,
tout en restant doux, mais cette douceur n'est pas paisible. Elle en paraît presque illuminée sur la
chanson "Qu'ils sont heureux". Le clavecin ajoute aussi quelque chose à cet aspect imperceptiblement
halluciné. J'ai toujours aimé l'emploi du clavecin (ou d'un synthé au son proche du clavecin) en cette
année 66. Sylvie Vartan l'a fait aussi ("Ballade pour un sourire" par exemple), et les Kinks aussi.
Allez savoir pourquoi. C'est un ingrédient baroque qui préfigure le psychédélisme de 67, peut-être.
Période enchantée, et enchanteresse, à mes oreilles.
Lil’ Bear                                 
Si c’est ça