Au risque de vous plaire: 1966-67

En octobre 1966, “Au risque de vous plaire” succède au “Douche écossaisse”.
La tradition des “Raisins verts” se perpétue, sans Michèle Arnaud, qui produit
d’autres émissions ( notamment Tilt Magazine avec Michel Drucker comme
présentateur), sans Dirk Sanders, qui tourne des films. Averty travaille désormais
avec des ballets de Jean Guelis, qui resteront associés à ses entreprises. Muller
et Ferrière, Grosso et Modo lui écrivent des sketches loufoques et grinçants et les
interprètent. Grosso et Modo, tandem désormais indispensable, comme est
indispensable Louise Petit, la strip-teaseuse, élevée, peu à peu, au rang du mythe.

Louise Petit entre Grosso et Modo

Adolf Averty, maître après Dieu

“Une autre fois, au mois de mai, j’ai été mis en concurrence avec moi-même.
Pendant qu’
Au risque de vous plaire passait sur la deuxième chaîne , on
pouvait voir
Ca, c’est Claude François sur la première. Complètement
dément! J’ai eu la satisfaction d’occuper tout le samedi soir à moi tout seul,
ce qui a fait gueuler pas mal de gens. Mais le spectacle Claude François
était bien, il a été bien accueilli. C’était la pleine vogue de Claude François,
à l’époque. Et puis, j’avais construit cela comme un autoportrait. Claude
François posait des questions à Claude François. Oui, c’était très bien.”

“Personne ne la voyait, que les gens qui la faisaient et deux ou trois inconditionnels d’
Averty qui avaient envie de rigoler. Elle passait le samedi soir, le plus mauvais soir pour
moi, puisque je ne pouvais pas lutter avec la concurrence de la première chaîne et de ses
émissions dites populaires.”

“ “ Au risque de vous plaire”, j’y tenais. C’était mon laboratoire. Pendant plusieurs années, j’ai essayé là des
choses que j’ai perfectionnées ailleurs. Et puis ça prolongeait la tradition des “ Raisins verts”. Je démythifiais
les chansons idiotes à succès, je prenais au premier degré les chansons socialodémagogiques. Pour les chansons
anecdotiques, j’illustrais une histoire. Cela marchait très bien avec Jean Guélis et ses ballets, avec Grosso et
Modo, qui sont petit à petit devenus mes meilleurs fournisseurs de sketch”. ( “Un homme averty” J.Siclier).

France Gall chante les sucettes, de Gainsbourg, le premier octobre à “Au risque de vous
plaire”. Averty n’a pas pu s’empêcher de passer cette “ Bébé requin” à la moulinette.
La chanson commence par la phrase “Annie aime les sucettes, les sucettes à l’anis”.
D’un bout à l’autre, le texte possède deux niveaux de lecture. Le premier, anodin, décrit
une fillette aimant les sucreries. Le second est la description d’une fellation. On note en
particulier le “sucre d’orge” qui “coule dans la gorge d’Annie” et le fait qu’elle paye ses
succettes en “pennies” (penis). Averty ne montre que des sucettes de forme allongée et on
voit des femmes d’âge mûr sucer des sucettes avec des regards aguicheurs.

Au début de 1968, la soirée Averty
s’appelle “ Des goûts et des
couleurs”. Elle se veut grinçante.
Avert y incorpore son “Au risque
de vous plaire” (en couleurs depuis
fin octobre 1967).

Avec “Des goûts et des couleurs”,
Averty reprend carrément la
tradition “bête et méchante” des
Raisons verts. Début 1967 l’émis-
sion est encore en noir et blanc.

“Averty se retouve producteur-réalisateur de cette émission
dont il est entièrement responsable. Averty: “ On m’avait
collé sur la deuxième chaîne, qu’on était en train de relancer
auprès du public pour préparer l’arrivée de la couleur.
C’était paradoxal. Je faisais tout ce que je voulais, mais
c’était vraiment une émission à tirage très limité. “